mardi 20 août 2013

Gringo d'Osamu Tezuka

J'avais déjà lu Gringo au moment de sa sortie en 2009. J'avais bien aimé cette aventure picaresque et m'étais promis de d'y revenir un de ces quatre. C'est chose faite aujourd'hui.
Gringo est l'une des dernières œuvres d'Osamu Tezuka et il n'a pas pu la finir avant sa mort en 1989.

Hiroshi Hitomo ("le japonais" en kanji), est nommé directeur de la filiale de la société Edo en Canivaria (un pays imaginaire d'Amérique du Sud). A peine débarqué, il va devoir faire face au scandale (le meurtre de son prédécesseur), le racisme ambiant à l'encontre des japonais (et de sa petite taille à lui), à la violence et surtout aux traîtrises inhérentes au monde des affaires.
Débarqué de son poste au bout de quelques temps, il se voit contraint de prendre en charge la pauvre et petite filière de sa société dans un pays voisin, gangrené par la guerre civile, la violence et la corruption. Voulant à tout prix se faire bien voir du siège central, il sera amené à négocier avec la guérilla pour pouvoir exploiter des mines de métaux rares. Lorsque la guérilla sera anéantie par le gouvernement avec l'aide des Etats-Unis, il se verra contraint de fuir dans la jungle.

Gringo, sous des airs d'aventure politico-financière, voir Hitomo se débattre, être trahis, réussir, rechuter et se relever, est très agréable à lire. Mais ce one-shot aborde surtout le thème de l'étranger (le gringo) : Hitomo ne sera jamais réellement considéré comme intégré dans la société sud-américaine, même en faisant des efforts. Les gens autour de lui auront toujours en tête des stéréotypes inhérents aux nippons. De même que sa femme, qui bien qu'étant européenne connait parfaitement les traditions japonaises, ne sera jamais considérée, par les autres japonais, que comme une étrangère.

J'ai beaucoup aimé dans cette histoire "adulte" d'Osamu Tezuka, les personnages ni tout blanc ni tout noir, comme cela pouvait être le cas dans certaines autres de ses œuvres. Ceux-ci (tout du moins les principaux) sont bien campés et ont de la profondeur. Du côté du trait, Osamu Tezuka maîtrise parfaitement son sujet : c'est clair, précis et très agréable. Vu que c'est une bande-dessinée "adulte" (cela ne veut pas dire érotique), les personnages sont moins ronds que d'habitude (même si dans ses dernières œuvres, ses personnages avaient tendances à être plus réalistes).

Bref, une histoire, qui même si elle est inachevée mérite vraiment de s'y intéresser, ne serait-ce que pour ce moment d'histoire (les guérilla et les dictatures d'Amérique du Sud des années 80) qu'il représente.

Gringo d'Osamu Tezuka
Kana / Sensei / 2009
ISBN : 978-2505003007
640 p. / 18€

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