mardi 29 août 2017

La Saga des Étoiles d'Edmond Hamilton

J'ai profité des vacances pour m'attaquer à ma pile de livres en retard. "La Saga des Étoiles" d'Edmond Hamilton était justement celui du dessus. Pour la petite histoire, Edmond Hamilton n'est autre que le père du Captain Futur, plus connu sous nos contrées (surtout par les enfants des années 70/80) sous le nom de Capitaine Flam - et accessoirement l'un des pères fondateurs du Space Opera. Cette "Saga des Étoiles" regroupe deux romans qui se font suite : "Les Rois des étoiles" qui date de 1947 et sa suite, vingt ans après "Le Retour aux étoiles" de 1967 donc. 

Les rois des étoiles : John Gordon est un modeste comptable de New York qui mène une vie monotone. Depuis quelques temps, la nuit, il entend une voix dans sa tête. Il s'agit de Zarth Arn, l'un des fils de l'Empereur du centre de la Galaxie qui vit plus de 200 000 ans dans le futur. Celui-ci étudie le passé et propose à John Gordon d'échanger leurs esprits. Ainsi Gordon se retrouverait-il dans le corps de Arn et inversement, tout cela pour quelques semaines, le temps que le prince mène à bien son projet. Croyant devenir fou, mais bien décidé à vivre une aventure incroyable si cela se révélait être vrai, Gordon accepte et il se retrouve bientôt 200 siècles dans le futur, dans le corps de Zarth Arn. Mais à peine arrivé, les sbires du terrible Shorr Kan, le Maître de la ligue prennent d'assaut le laboratoire où se trouve Gordon, détruisant la machine et tuant l'adjoint de Zarth Arn, la seule personne pouvant réinverser les esprits. Sauvé in extremis par une brigade impériale, Gordon va se retrouver au cœur d'un gigantesque complot ourdi par Shorr Kan afin de s'emparer de l'Empire. En effet, la famille impériale possède le secret du "disrupteur", une arme surpuissante capable d'anéantir des pans d'univers. En s'emparant de celui qu'il pense être Zarth Arn, Shorr Kan espère mettre la main sur celle-ci. Malheureusement pour lui, Gordon va vite se prendre au jeu et se révéler être un terrible adversaire, surtout après avoir rencontré la superbe princesse de Fomalhaut, Lianna...

Le retour aux Étoiles : Après avoir sauvé l'univers, John Gordon a réussi à regagner son corps et son temps, Zarth Arn effectuant le chemin inverse. Malheureusement, Gordon a du mal à oublier - on le comprend - son séjour dans le futur et surtout la jolie princesse Lianna. Il commence même à douter de la véracité de son séjour dans l'espace, au point de consulter un psy. Deux années de grisaille monotone s'écoulent quand une nuit, Zarth Arn se manifeste de nouveau pour proposer à Gordon, non pas d'échanger leurs esprits mais bien de transporter John Gordon dans le futur. Trop heureux de pouvoir retrouver sa princesse, Gordon n'hésite pas une seule seconde. Malheureusement pour lui, Lianna semble avoir un peu de mal à s'habituer à lui et à sa véritable apparence. Mais le pire reste à venir, car il va devoir protéger sa princesse contre les agissements de son cousin qui souhaite s'emparer du trône de Fomalhaut. Aidé de Lianna, de Zarth Arn, de Korkhann, un conseiller de Lianna capable de lire dans l'esprit des gens et de Shorr Kan, qui se révélera être un allié de circonstance très précieux, Gordon va se retrouver au cœur d'une guerre gigantesque avec les terribles H'harn, des êtres télépathes venus d'une autre galaxie...

J'ai toujours beaucoup aimé la science-fiction à l'ancienne et je dois dire que sur ce coup-là, je n'ai pas été déçu, bien au contraire. Une fois que l'on a bien compris que l'auteur cherchait avant tout à nous divertir et non pas à faire de la hard-science, on se laisse agréablement porter par l'histoire et les innombrables péripéties dont va être victime - ou acteur - John Gordon.
Le côté pulp, un peu kitsch de l'histoire donne une vraie saveur au récit et permet surtout de très bien s'imaginer les événements, les personnages et autres vaisseaux qui parcourent la galaxie, car il y a un lien de parenté indéniable avec toute la science-fiction que nous avons pu voir à la télé - ou au cinéma - Star Wars, Flash Gordon, et donc Capitaine Flam. Nous sommes ici en terrain de connaissance, du fait des clichés (qui n'en étaient pas à l'époque mais le sont devenus) dont le récit regorge. Quoiqu'il en soit, cela passe vraiment bien.

L'histoire - très classique donc - du sauvetage de la galaxie par un homme providentiel que rien ne prédestinait à ça, est néanmoins très prenante. Ceci grâce au fil conducteur du "disrupteur", dont Gordon ignore tout, que ce soit le concept, la forme ou son fonctionnement. Cette utilisation est repoussée plusieurs fois, mais sera finalement utilisée par un Gordon plein de doute.

La relation naissante entre Gordon et la princesse Lianna est également assez intéressante dans la mesure où celle-ci tombe amoureuse d'une personne aux deux personnes (rien à voir avec l'histoire de Jean-Christian Ranu - quoique ?), alors qu'il s'agissait au départ d'une union strictement politique. Celle-ci est donc troublée par le comportement de Zarth Arn / Gordon, ce qui met en péril plus d'une fois la véritable identité de celui-ci. Gordon est donc obligé de faire très attention afin ne pas être découvert. Cela est également le cas avec le reste de la famille royale, mais comme Gordon est un romantique, cela est plus risqué avec Lianna.

Enfin, le fait que le récit ne connaisse aucun temps mort, est particulièrement appréciable. J'avais un petit peu peur, après un début sur les chapeaux de roues que l'histoire se tasse un petit peu et verse dans un complot d'alcôve. Il n'en est rien. Du début à la fin, tout s'enchaîne très vite avec juste des petites pauses pour permettre au lecteur de reprendre son souffle. 

L'autre gros atout de cette saga, est le personnage de Shorr Kan, ambivalent, machiavélique, manipulateur, mais possédant malgré tout un grand sens de l'honneur. Je ne suis pas un spécialiste, mais je pense que ce genre de personnage ne devait pas être courant dans la science-fiction à cette époque, qui privilégiait avant tout le héros propre sur lui qui affrontait le vil méchant. Shorr Kan apparaît finalement plus être un antihéros plutôt qu'un grand méchant. J'ai beaucoup aimé son rôle dans "Le Retour aux étoiles". Il s'agit pour moi de l'une des raisons de lire ces histoires.

Le petit bémol que j'apporterai à tout le bien que je pense de cette "Saga des Étoiles", se trouve au niveau des mondes et peuples décrits. Dans le premier roman, l'auteur ne s'embête même pas avec ça, puisque mis à part la couleur de peau, la taille et les habits, toutes les personnes que rencontrent Gordon sont humaines. Dans le second - on rappelle que vingt ans se sont écoulés entre les deux - de nombreuses œuvres de science-fiction mettant en scène des peuples extra-terrestres ont vu le jour et ont donc changer la donne. L'auteur s'essaie un peu à la chose mais sans grande conviction. Korkhann - le poulet télépathe qui m'a tout de suite fait penser au poulet avocat de Futurama - est ce qui se rapproche le plus d'un essai de créer un personnage différent, mais mis à part son allure, il est complètement "humain" dans son mode de pensée et ses actions. Les autres extra-terrestres que nous croiserons dans "Le Retour aux étoiles" sont  malheureusement du même acabit, ce qui est dommage, car quelques spécificités bien choisies auraient réellement pu faire la différence.
En ce qui concerne les sociétés et les civilisations, on reste également soit dans le flou, soit dans le basique. Rien de très poussé ici également au niveau politique ou économique. 
On sent donc bien que Hamilton avait surtout en tête de raconter une histoire pleine d'action et d'événements rocambolesques. S'il a choisi le cadre de l'espace et du futur - et donc de la science-fiction - il aurait aussi bien pu écrire cette histoire sur le mode western ou cape et épée, les péripéties de John Gordon étant réellement le fil conducteur du récit, plus que le cadre géopolitique de l'Empire du centre de la Galaxie.
On surmontera également - sans problème pour ma part - quelques incohérences ici et là dans le récit.

J'ai réellement passé un bon moment en compagnie de John Gordon, de Lianna, Shorr Kan et consorts. Comme souligné plusieurs fois dans les lignes précédentes, l'action est ultra présente et ne laisse que peu de place à l'introspection et autres réflexions philosophiques. Mais je dois avouer que ce n'était pas ce que je recherchais ici (pour ça, il y a Dune). Edmond Hamilton avait un réel don de conteur et c'est bien ce qui transparaît ici dans ces deux romans qui se complètent parfaitement.
Je recommande donc ce livre aux curieux, aux "archéologues" de la SF (pour le côté pulp) et aux amoureux des aventures sans prise de tête etpleines de rebondissements. Quant à moi, je me laisserai sans doute tenter par les rééditions des aventures du Capitaine Futur, chez Le Belial, pour avoir le plaisir de retrouver la plume d'Hamilton.

Note 14/20


La Saga des Étoiles de Edmond Hamilton
J'ai Lu / 2003
ISBN : 978-2-290-33238-2
605 p. / 8,50€

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